EntretiensEntretien exclusif avec Florian Philippot

15 mars 2022
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ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC FLORIAN PHILIPPOT

 

Florian Philippot, président des Patriotes, admirateur et héritier politique du Général de Gaulle, n’a jamais varié sur l’exigence du Frexit : une idée qui progresse, et la seule perspective qui vaille pour l’avenir de la France.
Il a bien voulu répondre à nos questions, et nous l’en remercions.

  

D.S. : Florian Philippot, vous avez maintenu, depuis les origines de votre engagement public, l’exigence du Frexit, pourquoi ?

J’ai longuement développé cette question dans mon premier essai sorti en 2018 : « Frexit », dont le sous-titre était « UE : en sortir pour s’en sortir ». Tout est dans cette phrase. Sans sortie de la France de l’Union européenne, nous ne pouvons entreprendre aucun des grands chantiers pour l’avenir de notre pays : ni réindustrialiser la France et redresser son économie, ni mettre un terme à la politique d’immigration massive, ni relever aucun des défis qui se présentent à nous à l’échelle planétaire tout en protégeant nos intérêts particuliers.

L’Union européenne nous affaiblit depuis plus de 30 ans, tandis qu’elle sert largement les intérêts allemands. Nul ne peut détourner le regard devant cette terrible réalité d’affaiblissement et d’effacement de la France. Au-delà de ces enjeux de puissance, absolument vitaux, la crise du Covid a mis en évidence l’autre menace que l’Union européenne fait peser sur nous : celle d’un asservissement du peuple à l’oligarchie et la disparition de nos grandes Libertés individuelles et collectives.

Les projets de « pass sanitaire » et de vaccination obligatoire sont clairement d’inspiration européenne et ont été encouragés par la Commission. Le contrôle des populations est un projet global extrêmement inquiétant : la prochaine étape vise la disparition de l’argent liquide et la mise en place d’un euro numérique ; comme avec le pass, nous serions alors « désactivables » à volonté, sur des critères totalement arbitraires.

Enfin, j’ai fait l’analyse que l’Union européenne ne pouvait se réformer de l’intérieur, et en tout cas pas dans le sens d’un retour des souverainetés aux Etats. L’Union européenne deviendra fédérale et totalitaire, ou disparaîtra. Alors sortons-en au plus tôt !

D.S. : Que pensez-vous cependant de l’argument souvent avancé selon lequel la perspective de la sortie de l’Union européenne et de l’euro effraierait beaucoup de nos compatriotes, ce qui justifierait que, pour faire gagner dans les urnes le combat pour la souveraineté, mieux vaille éviter de mettre en avant une telle radicalité ?

Je réponds que c’est un très mauvais calcul et que la peur est l’arme de nos adversaires. Souvenez-vous le « Project fear » au moment du référendum sur le Brexit au Royaume-Uni, avec ses prévisions économiques apocalyptiques en cas de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Or les faits ont bien évidemment démontré que ces peurs, agitées parfois par les plus hautes institutions, étaient totalement artificielles et mensongères. Le peuple britannique ne s’est pas laissé duper et la Démocratie l’a emporté en même temps que la vérité. Il est donc particulièrement regrettable de voir chez nous des souverainistes valider malgré eux cet argument de la peur pour éviter d’avoir à assumer le Frexit et la sortie de l’euro. Il faut combattre cette peur artificiellement créée par l’oligarchie et non y céder. Il faut convaincre les Français des bienfaits du Frexit et du retour aux monnaies nationales, par des arguments rationnels, afin de les rendre insensibles à la propagande. Un jour il y aura un référendum sur le Frexit, comme au Royaume-Uni ; je ne sais pas si cela sera dans deux ans, cinq ans ou dix ans, mais le temps qui nous sépare de ce référendum et de notre libération en tant que peuple souverain doit servir à éclairer les Français. Plus d’un tiers des Français sont déjà favorables au Frexit en dépit d’une propagande massive. Il faut donc assumer nos convictions et convaincre, d’autant que nous ne pourrons rien faire à l’envers. On ne fera pas le Frexit si on ne s’est pas engagé à le faire devant les électeurs.

D.S. : De fait, les deux candidats à la prochaine Présidentielle résolument engagés pour la sortie de la France de l’Union européenne, à savoir François Asselineau et vous-même, n’ont pu aller au bout de leur candidature, faute des parrainages nécessaires.

Comment interprétez-vous cet état de fait ? Que vous semble-t-il traduire quant au contexte du rapport de forces politiques actuel ?

Cette situation parfaitement scandaleuse sur le plan démocratique illustre à quel point le système des parrainages d’élus est complètement pourri, j’ose le mot. Entre les élus qui subissent des pressions et ceux qui participent activement aux combines politiciennes, on voit bien qu’il n’y a plus d’espace pour la représentation des idées et des grands courants d’opinion, ce qui devrait pourtant être le seul critère d’attribution des signatures dans l’esprit de ceux qui en ont le pouvoir. Il faut donc totalement revoir ce système et passer à des parrainages citoyens (50 000 signatures d’électeurs inscrits par exemple), comme nous le proposons aux Patriotes. L’élection présidentielle n’est pas la rencontre entre un homme et les élus mais entre un homme, ou une femme, et le peuple.

Ceci étant, en l’absence de candidats « frexiteurs », j’ai néanmoins l’intention de tout faire pour permettre au Frexit d’exister dans cette campagne présidentielle, au moins par le biais d’un référendum. J’ai ainsi fait de cette proposition l’un des critères de mon soutien à un autre candidat, conformément au mandat reçu des adhérents des Patriotes que j’ai consultés au sujet de notre stratégie politique dans le cadre des élections à venir. J’espère que ces efforts porteront leurs fruits, dans l’intérêt de nos idées.

D.S. : Il est donc impératif, et nous en sommes d’accord, puisque tel est le rôle que le Pôle d’expertise des Patriotes s’emploie à jouer à travers ses travaux, dont la présente revue qui vise à contribuer à leur visibilité, de porter le combat pour la souveraineté de la France sur le terrain du débat d’idées. Que diriez-vous des enjeux qu’il y a, pour la cause souverainiste, à investir pleinement le champ de ce débat ?

Le débat d’idées est la clé de tout. L’objectif doit être d’insensibiliser les Français à la propagande et aux mensonges industriels dont ils sont abreuvés par le pouvoir. Les réseaux sociaux sont un vecteur précieux et c’est pourquoi je m’élève contre toutes les entreprises de censure menées au nom de la lutte contre les « fake news », et qui ne visent en réalité qu’à tuer le débat et à discréditer toute parole ou pensée non conforme à l’idéologie dominante. Tout ce qui permettra d’alimenter ce débat d’idées, de crédibiliser notre parole, comme cette revue en a l’honorable prétention, est donc une excellente chose. Il faut éclairer les Français et renforcer leur bagage intellectuel. L’ignorance est une vraie menace pour notre Démocratie, et c’est d’ailleurs pourquoi le redressement de notre École est une urgence nationale.

D.S. : Cette première livraison de la revue « Défis Souverainistes » a fait le choix d’insister sur l’exigence de cohérence afin de faire progresser et triompher la cause du souverainisme.

Que diriez-vous de cette exigence ? En quoi vous semble-t-elle consister ? La cohérence est la condition de la crédibilité. En politique, elle est aussi une preuve de sincérité.

On ne peut pas défendre la souveraineté du peuple sans défendre la souveraineté de la France, ce sont deux choses parfaitement liées. Certains candidats à l’élection présidentielle buttent, et rebutent les Français, par manque de cohérence. On ne peut pas promettre la réindustrialisation ou l’arrêt de l’immigration par exemple tout en restant dans l’UE et l’euro ; ça n’est ni cohérent, ni crédible ni sincère.

De manière générale, il faut donc dire la vérité. C’est ce à quoi je m’emploie aux Patriotes depuis sa création.

D.S. : Florian Philippot, merci !

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